
C’est un euphémisme de dire la subvention pour faire venir les Kings de Los Angeles, une équipe composée de joueurs millionnaires, et possédée par deux milliardaires, passe mal.
Mais quelle mouche a piqué Éric Girard? Le ministre des Finances est un économiste. Généralement, un économiste sait compter.
M. Girard est aussi le ministre du Retour des Nordiques. Sans blague. Quand il porte ce chapeau, ses calculs semblent moins rigoureux.
En voici quatre exemples.
Mauvais calcul no 1 : payer le locateur pendant ses rénovations
Résumons. Les Kings n’ont pas d’aréna pour leurs matchs pré-saison l’an prochain, en raison de rénovations au Crypto.com Arena. (Oui, leur patinoire s’appelle comme ça.)
Donc, non seulement on leur prête le Centre Vidéotron – ce qui entraîne des coûts –, mais le gouvernement allonge au moins 5 millions $ pour leur visite. Ça pourrait aller jusqu’à 7 millions $.
Je dois refaire les chambres et les salles de bain. Vous pouvez me payer pour que je reste chez vous?
Les mots « porteurs d’eau » et « colonisés » viennent à l’esprit, de même que d’autres adjectifs peu flatteurs évoquant une époque où les Amaricains venaient piller nos ressources en repartant avec l’argent et en nous laissant les problèmes, mais passons.
Il y aura des événements autour et des entraînements aussi, vous dites? Les Remparts auraient pu faire ça pour gratis, ou à peu près, avec des athlètes et un rêve plus accessibles.
Mauvais calcul no 2 : l’illusion des retombées économiques
Le ministre des Finances et du Retour des Nordiques, Éric Girard, tente de justifier la générosité de l’État en faisant valoir qu’il y aura des retombées économiques. Sauf qu’il n’a pas pris la peine de les évaluer.
Ces retombées, toujours douteuses dans le meilleur des cas, deviennent plus qu’improbables pour deux matchs pré-saison qui attireront peu de visiteurs de l’extérieur du Québec, à part pour les joueurs et le personnel des trois équipes concernées.
En somme, ça va être du rebrassage d’argent local qui aurait été dépensé quelques part dans la province de toute façon, peu importe que ceux qui assisteront aux matchs viendront de Québec, du Saguenay ou du Bas-du-Fleuve.
Éric Girard a aussi comparé l’envergure de deux matchs pré-saison au Grand Prix de Formule 1 de Montréal et à la Coupe des présidents, au golf.
J’espère au moins que le ministre ne croit pas ce qu’il dit.
Mauvais calcul no 3 : 20 fois plus cher que les Pee-Wee
Un autre point de repère est le tournoi Pee-Wee de Québec, qui arrive à faire fonctionner un événement international avec un modeste appui gouvernemental de 256 000 $. Pour 144 équipes.
La visite des Kings, des Bruns et des Panthères à Québec, c’est donc l’équivalent d’au moins 20 ans de tournois Pee-Wee.
Je vous laisse juger des retombées comparées de l’une et des autres, tant pour les commerces que pour les enfants qui, le temps de quelques matchs, vont vivre l’atmosphère d’un aréna de « grands », avec les chandails retirés et les bannières de coupes Stanley au plafond (celles des Bulldogs), peut-être pour la seule fois de leur vie.
C’est aussi difficile à digérer quand on sait qu’on a refusé de donner 8 millions $ de plus au banques alimentaires. Ou, simplement, quand on se démène pour gérer une soupe populaire à deux pas du Centre Vidéotron.
On pourrait élaborer aussi sur nos arénas qui manquent d’amour, et qui permettent à nos jeunes de développer le goût du hockey et du sport en général.
Mauvais calcul no 4 : quand la subvention dépasse le prix du billet
Un autre angle permet de mesurer l’injustifiabilité de la subvention.
Il y a 18 259 places assises au Centre Vidéotron. Pour deux matchs, ça donne 36 518 places, et autant de billets pouvant être vendus.
Gestev, une divison de Québecor qui organisera l’événement, a annoncé que les billets pour chacun des matchs hors-concours se vendront de 55 à 170 $.
Je reviens à la subvention accordée par le gouvernement de provincial, qui sera de 5 à 7 millions $.
À 5 millions $ en subventions pour 36 518 places, ça fait 137 $ par billet vendu.
À 7 millions $ en subventions pour 36 518 places, ça fait 192 $ par billet vendu.

Ça, c’est si tous les billets sont vendus. Sinon, le coût en argent public par place sera encore plus élevé.
D’une façon ou d’une autre, le coût moyen de la subvention par billet va être plus élevé que le prix du billet.
Et le ministre des Finances, un économiste, et le premier ministre, un comptable, nous vendent ça sans rire.
-30-
(Merci à Frédéric Paul pour le flash sur la capacité du Centre Vidéotron.)
Vous avez aimé cet article? Vous pouvez m’aider à en produire d’autres!
Ce média indépendant est entièrement sociofinancé. Vous pouvez me soutenir en cliquant ici.
Laisser un commentaire