
J’avais raté ça sur le coup.
Lors du point de presse du 28 septembre – il y a une semaine –, un journaliste pose une question à Dr Arruda à propos de l’efficacité du masque et des modes de transmission.
Sur le masque, Dr Arruda répond qu’il y a « des évidences », mais qu’il n’existe pas d’études contrôlées (avec un groupe portant des masques et un autre groupe n’en portant pas), ajoutant qu’il va vérifier.
On va lui éviter de faire ses recherches : personne ne fera ça avec un virus mortel, ça serait grossièrement irresponsable. Et, en réalité, il existait une preuve abondante sur l’efficacité du masque, avant la pandémie, lorsque des coronavirus sont concernés.
Puis, sur les modes de transmission.
Dr Arruda a dit qu’on en sait plus aujourd’hui sur les modes de transmission qu’il y a un an et demi. C’est vrai. Il y a un an et demi, on savait qu’on se contaminait, mais on ne savait pas trop comment. Heureusement, on a appris, Mais a-t-on appris?
Là-dessus, Dr Arruda enchaîna sur les aérosols :
« Y’a de la transmission aérosol, mais c’est pas la majeure non plus, comme tel. »
Cette phrase lourde de sens est à 38:53 de la vidéo, ici (ou à -17:25, selon comment ça affiche dans votre lecteur).
Et elle semble sortie tout droit du printemps 2020. Avant, justement, qu’on en apprenne pas mal plus sur les modes de transmission.
C’est un peu stupéfiant d’entendre ça encore aujourd’hui. Mais c’est ce que croient encore beaucoup d’autorités de santé publique, qui ont tendance à traiter la transmission par les surfaces, les goutelettes et par aérosols comme des risques à peu près comparables.
C’est la raison pour laquelle on vous demande de vous lavez les mains dix fois par jour et pour laquelle on désinfecte encore des poignées de portes et des pupitres, aujourd’hui comme au premiers jours de la pandémie, en mars 2020. Ou encore des ballons de soccer, à mon grand désespoir…
Les conséquences sont concrètes et importantes : si on met l’énergie sur des modes de transmission mineurs ou inexistants, on ne s’occupera pas de ceux qui comptent. À New York, on évalue qu’on aura dépensé 380 millions $US en désinfection des surfaces dans le transport en commun entre 2021 et 2023. C’est assez pour acheter pas mal de masques N95 et de purificateurs d’air…
(Je ne parlerai pas des écoles ici, sinon je vais me fâcher, et probablement vous aussi.)
En juillet 2020, un groupe de 239 scientifiques avaient sommé l’Organisation mondiale de la santé de reconnaître la transmission par aérosols. Un consultant de longue date de l’OMS avait expliqué à l’occasion la rigidité extrême de l’organisation, et la difficulté de certains représentants de la santé publique mondiale à s’ajuster aux développements basés sur les nouvelles preuves scientifiques.
Traduction : la science a beau avancer, les bureaucrates sanitaires ont tendance à suivre le manuel d’instruction de la dernière pandémie. Et le virus poursuit sa route.
Ça vous rappelle quelque chose?
Dès l’été 2020, des scientifiques (et non des fonctionnaires de la santé publique) identifiaient la transmission aérienne comme le « mode de transmission dominant ».
L’hypothèse de la prédominance des aérosols s’avère confirmée par un nombre croissant d’études, particulièrement dans des environnements où la ventilation est déficiente. Évidemment, sans la transmission par aérosols, il est difficile d’expliquer comment une trentaine de personnes dans une chorale peuvent être contaminées simultanément.
Ça a amené plus tard d’autres scientifiques à dénoncer le « théâtre sanitaire », soit la désinfection des surfaces, qui cannibalise énormément de ressources sans apporter de gains significatifs.
(Quant aux goutelettes, elles seraient le mode principal de transmission seulement pour des individus discutant à moins de 20 cm l’un de l’autre. Soit votre douce moitié dans un moment romantique, soit quelqu’un que vous apostrophez directement sous le casque.)
Donc, après un an et demi, et tout ça, l’évaluation de notre directeur de santé publique à propos de la transmission par aérosols est que ça n’est « pas la majeure ».
🤷♂️
Une fois qu’on a dit ça.
Ça fait un an et demi qu’on se lave les mains de façon compulsive et qu’on désinfecte les chaises et les comptoirs, ce qui règle le cas de la transmission par les surfaces. Si le virus se cachait là, on l’aurait eu depuis longtemps. De toute façon, plus personne ne pense que les fomites sont un facteur important.
Ça fait un an qu’on porte un masque à peu partout et qu’on se placarde derrière des plexiglas, ce qui règle le cas des goutelettes. Je veux dire : vous avez beau cracher vraiment fort, ça ne passera pas à travers un masque. Encore moins un plexiglas. Essayez, voir.
Mais le maudit virus continue à se promener quand même.
Y’a-t-il encore un seul doute qu’au Québec, depuis le début de 2021 et aujourd’hui encore, le mode principal de propagation de la covid puisse être autre qu’aérien?
Pourrait-on en prendre note un peu plus vite lors de la prochaine pandémie?
-30-
Vous avez aimé cet article? Vous pouvez m’aider à en produire d’autres!
Ce média indépendant est entièrement sociofinancé. Vous pouvez contribuer à le soutenir en cliquant ici, et en apprendre davantage sur mon engagement ici.
Catégories :Covid-19, Gestion de la pandémie
Plus de quatre-millions de personnes sont mortes de Covid-19. À travers le monde, on n’a pas trouvé une seule d’entre elles qui ait attrapé le Covid-19 par le toucher.
Théoriquement, c’est très possible. Dans les faits, cela n’arrive tout simplement jamais.
Au début de la pandémie en Europe, des centaines de médecins italiens sont morts les mains parfaitement propres.
Jusqu’ici, au Québec, il y a eu 2,4 fois plus de morts par million d’habitants que dans les provinces anglophones du pays.
Cela est le résultat de l’aveuglement des incompétents qui dirigent la lutte sanitaire au Québec. Pour être plus précis, le Dr Arruda possède deux défauts majeurs qui le rendent inapte à mener la lutte contre cette pandémie: son irrémédiable contrôlite et son manque total de perspicacité.