Quand François Legault était fier de McGill

Pour justifier la hausse maintenant un peu atténuée des droits de scolarité pour les universités McGill et Concordia, François Legault a invoqué la « survie du français ».

(An English version of this post is available here.)

C’est en soi un peu étrange. Une bonne partie des étudiants de McGill viennent du Québec. Plusieurs sont francophones (20 %). Et au total, 57 % des étudiants de McGill parlent français à leur entrée à l’Université.

Puisque la plupart des étudiants anglophones vont quitter le Québec après leurs études, on peut aussi se demander comment ils vont réussir à « angliciser » Montréal à distance.

Quant aux étudiants qui vont choisir de rester ici, plusieurs vont apprendre le français, comme la majorité des Québécois anglophones (70 % sont bilingues). Leurs enfants n’auront pas le choix, puisqu’ils devront aller à l’école en français.

En somme, réduire (ou même augmenter) de quelques milliers le nombre d’étudiants anglophones ou internationaux a un impact négligeable sur la composition de la population d’une ville de deux millions d’habitants, ou sur l’évolution du français. Par contre, ça va compliquer la vie de McGill et de Concordia, dont la cote de crédit pourrait aussi être affectée.

Mais bon, les enjeux de fond semblent ici accessoires aux symboles et aux points politiques, surtout que le Parti québécois dépasse maintenant la CAQ dans les intentions de vote.

Ceci étant, François Legault a déjà tenu un autre discours sur McGill. C’était avant le virage nationaliste de son parti, suite aux cuisantes défaites électorales de 2012 et de 2014.

Après l’annonce par le gouvernement du Parti québécois, en 2013, de coupes de 250 millions $ dans les universités du Québec, François Legault ne se gênait pas pour dénoncer le manque de vision et rappeler que McGill est l’une des meilleures universités sur la planète.

Aussi en 2013, M. Legault félicitait la nouvelle Principale de McGill.

En 2014, M. Legault était heureux de prendre un café avec Suzanne Fortier (accompagné d’un ex-député et actuel sous-ministre qui possède des intérêts dans une entreprise aux pratiques douteuses).

Toujours en 2014, François Legault voyait encore McGill comme un vecteur de développement important pour le Quartier de l’Innovation.

Même alors qu’il était déjà premier ministre, en 2019, M. Legault discutait encore de projets avec la Principale de McGill. Le caractère principalement anglophone de l’université ne semblait présenter aucun problème pour M. Legault, ni pour son futur ministre de la Langue française (Jean-François Roberge, à droite, alors ministre de l’Éducation).

Quelques jours après cette rencontre, le premier ministre débordait d’enthousiasme au « beau geste » d’un don privé de 200 millions $ à McGill. « WOW! »

M. Legault s’est même déjà inquiété du financement de la faculté de médecine de l’Université McGill, qui est devenu une sorte de paratonnerre politique en se rendant coupable d’accueillir une dizaine d’étudiants en médecine du ROC chaque année.

Disons que c’est encore une fois révélateur d’une certaine souplesse des convictions face aux opportunités politiques.

(Merci à Mitch pour le tuyau.)

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Catégories :Éducation, Politique

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3 réponses

  1. Aux Pays-Bas, sauf exception, les deux tiers de toute formation universitaire qui mène à l’obtention d’un baccalauréat doit se faire en néerlandais.

    De plus, le gouvernement de ce pays obligera, à partir de septembre 2024, tous les étudiants étrangers qui veulent s’inscrire dans l’une ou l’autre des universités du pays à connaitre les rudiments du néerlandais.

    Comme l’Allemagne oblige déjà la connaissance préalable de l’allemand à ses étudiants étrangers.

    En octobre dernier, le gouvernement de la CAQ a annoncé son intention de faire en sorte que le Québec cessera d’être le Dollarama des études post-secondaires.

    Pourquoi ? Parce que la majorité de ces étudiants quittent le Québec à la fin de leurs études et donc, parce que nous investissons à perte dans leurs études universitaires.

    L’université McGill est au cœur de la machine assimilatrice anglaise à Montréal. Ne nous laissons pas tromper par ses jérémiades.

    Opinion détaillée :
    https://www.jpmartel.quebec/2023/10/26/le-quebec-dollarama-des-etudes-postsecondaires/

  2. En réponse à M. Martel.
    Vos informations sont fausses.
    l’Allemagne fait campagne pour attirer des études partout dans le monde. Aucun besoin de connaître l’allemand. Un grand nombre de programmes sont en anglais seulement.
    Les allemands veulent attirer des talents et misent que ceux qui voudront y vivre vont apprendre la langue.
    nous avons un nombre important d’étudiants québécois qui vont étudier dans les autres provinces, on appelle ça de la réciprocité.

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