
Joanne Liu est une sommité mondiale. Les mots sont lourds de sens, mais dans son cas, ils s’imposent.
La pédiatre québécoise, ex-présidente de Médecins sans frontières, a combattu des crises sanitaires de toute sorte – incluant des épidémies – un peu partout sur la planète pendant 25 ans, incluant l’Ebola en Afrique de l’Ouest, le choléra en Haïti et la guerre civile en Afghanistan.
C’est une logisticienne de terrain hors pair, une experte en préparation de la réponse à la gestion de crise sanitaire, et une leader universellement reconnue et appréciée.
Quand Joanne Liu a sermonné le gouvernement américain pour avoir bombardé un hôpital en Afghanistan, le président Obama l’a appelée personnellement pour lui présenter ses excuses.
En 2015, le magazine TIME l’a incluse dans son top 100 des personnes les plus influentes sur la planète. « Une combattante pour la santé planétaire », titrait le TIME.
Par son expertise, son expérience et son leadership forgé sur les champs de bataille et dans les pires crises sanitaires imaginables, Joanne Liu était taillée sur mesure pour coordonner la réponse à la pandémie de covid et établir les priorités.
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À l’hiver 2020, aux premières heures de la pandémie, Joanne Liu s’est rapportée au gouvernement du Québec, prête à servir sa patrie.
On l’a refusée.
À sa face, on lui a dit qu’elle ne possédait pas assez d’expérience QUÉBÉCOISE dans la gestion d’épidémies. Même Paul Larocque en a bafouillé…
En coulisses politiques, on a jugé que Dre Liu était « incontrôlable ». On a offert à Joanne Liu, chef des pompiers pandémiques, d’aller dans le Nord de la province, pendant que le Sud était en feu.
On connait la suite de l’histoire au Québec…
Joanne Liu, qui fait ce qu’elle fait pour les bonnes raisons, est retournée travailler sur le terrain, donnant un coup de main à Sainte-Justine et dans des CHSLD.
Fin 2020, l’Organisation mondiale de la santé l’a recrutée en temps au sein d’un panel d’experts afin d’évaluer sa gestion de la pandémie et celle de ses pays membres. (Le rapport est disponible ici.)
Experte mondiale, je vous dis.
Mais pas assez qualifiée pour la santé publique du Québec.
La même santé publique qui a dit que les masques, les purificateurs d’air et les tests rapides étaient dangereux ou pouvaient causer un faux sentiment de sécurité, et qui trouvait que c’était une bonne idée d’organiser des partys de Noël alors que les hôpitaux se remplissaient et que les corps s’empilaient.
Vous avez le droit d’être fâché.
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Mercredi, l’Organisation de la santé panaméricaine (PAHO) a remis à Joanne Liu le prix de Gestion et leadership en services sanitaires.
Ce prix reconnait « la contribution exceptionnelle de Dre Liu dans les domaines de l’humanitarisme médical et de l’intervention et la gestion de crise sanitaire, tant au Canada qu’à l’international, de même que son expertise dans la réponse à une pandémie et la préparation de systèmes de santé ».
(Expertise dans la réponse à une pandémie… Préparation de systèmes de santé… Le Québec a commandé son équipement de protection plus d’un mois après les autres grandes provinces…)
Parlant de Joanne Liu, le président de la PAHO a souligné « son leadership lors d’urgences sanitaires et l’intervention de crise à travers le monde, et son engagement à fournir des soins à ceux vivant dans les situations les plus vulnérables ».
Ce n’était apparemment pas assez pour le Québec.
Allez donc faire un tour dans le Nord, madame.
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Catégories :Covid-19, Gestion de la pandémie
Patrick, je suis bouche-bée… Le Québec a un sérieux problème d’orgueil/d’aveuglement/d’insouciance crasse de ne pas reconnaitre une telle expertise! Sinon, comment expliquer ça autrement ?
Votre évaluation vaut autant que la mienne. Mais disons que l’orgueil, l’aveuglement et l’insouciance résument assez bien ce qui s’est passé!
Malheureusement le pouvoir politique n’est pas prêt a renoncer à toute son autonomie, même pour des raisons humanitaires.