
Une étude québécoise vient de confirmer l’utilité des tests rapides pour repérer les cas de covid dans les écoles.
Selon l’équipe de recherche dirigée par la Dre Caroline Quach, de l’hôpital Saint-Justine, les tests rapides détecteraient 83 % des cas de covid chez les élèves qui présentent des symptômes, et 29 % de ceux qui n’en présentent pas.
Le point le plus important est que les tests rapides sont particulièrement efficaces pour détecter la covid lorsque la charge virale est plus élevée, ce qui est aussi le moment où le risque de contagion est le plus grand, toujours selon la chercheuse en épidémiologie.
Caroline Quach en conclut que la prochaine étape serait d’utiliser les tests rapides à grande échelle, par exemple à la maison, avant de se rendre à l’école ou au travail. Elle donne l’exemple de l’Allemagne et de l’Angleterre, qui ont distribué des tests rapides gratuitement pour que les gens puissent se tester eux-mêmes à la maison.
C’est bien, mais c’est un peu tard, d’autant plus que le vaccin sera bientôt autorisé pour les 5 à 11 ans.
C’est surtout tard parce que ça fait des mois qu’on est plusieurs à demander qu’on utilise les tests rapides comme ils devraient l’être. C’est-à-dire massivement, comme un filet, pour identifier les personnes infectées avant qu’elles ne puissent en infecter d’autre. On sait qu’on n’attrapera pas 100 % des cas. Mais juste la moitié, ça serait déjà pas mal…
Ça fait déjà près d’un an qu’Ottawa a livré un premier million de tests rapides à Québec. Les boîtes ont pris la poussière pendant des mois, durant lesquels quelques millions de tests supplémentaires se sont ajoutés. On a commencé timidement à les utiliser dans les écoles cet automne, mais de façon parcimonieuse, comme s’il s’agissait d’une ressource rare et précieuse, presque dangereuse, avant de les étendre un peu, mais en limitant toujours leur utilisation.
En Europe, les tests rapides ont été déployés massivement en Europe dès le printemps dernier. En Angleterre, en mars, on a trouvé des dizaines de milliers de cas avant qu’ils ne puissent se propager davantage, non seulement dans les écoles, mais dans les hôpitaux et foyers pour aînés, où la covid fait bien plus de dégâts. En Allemagne, des « auto-tests » ont été déployés dès avril dans les écoles. On a montré aux enfants comment le faire eux-mêmes, comme s’ils étaient en train de se fouiller le nez…
Ça fait six mois qu’on sait que ça fonctionne, mais le Québec a encore eu pour réflexe de réinventer la roue, pendant que le virus, lui, roule pas mal vite.
Crime, même l’Institut de cardiologie, à Montréal, chez nous, a décidé de donner des tests rapides à ses employés, pour qu’eux et leurs enfants puissent se tester deux fois par semaine, qu’ils évitent de ramener le virus au travail. Et ça fonctionne. Depuis avril.
La Dre Quach résiste d’ailleurs encore à ce genre d’utilisation des tests rapides, soit chez les personnes qui ne présentent pas de symptômes. Une étude publiée dans la revue Nature a pourtant montré que jusqu’à 74 % des infections liées au virus Delta ont lieu avant que les symptômes n’apparaissent.
Pourquoi? Parce que même si on est moins contagieux quand on n’a pas de symptômes, on n’est pas conscient qu’on peut l’être… D’où l’intérêt de déployer les tests rapides à grande échelle.
L’OMS, toujours en retard dans la parade, a elle aussi recommandé en juillet dernier d’utiliser les tests rapides à l’école, même en l’absence de symptômes ou d’éclosions. Parce qu’on veut garder les enfants à l’école.
Mais au Québec, même si on est assis sur une montagne de tests rapides inutilisés, on résiste encore à les employer à leur plein potentiel.
C’est le vaccin, encore une fois, qui va faire le travail qu’on aurait dû faire dans les écoles, comme ça a été le cas avec les CHSLD et les hôpitaux.
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Je n’ai personnellement rien contre la Dre Quach, qui m’apparaît être une bonne personne, sympathique et éminemment dévouée à son travail. Je suis convaincue qu’elle ne compte pas ses heures.
Mais elle a fait les mêmes deux erreurs cardinales que d’autres experts du gouvernement et de la santé publique, et qui nous ont coûté tellement cher depuis le début de la pandémie.
La première est de refaire nos propres expériences (et erreurs) nous-mêmes plutôt que de profiter de celles des autres.
La seconde est de traiter des moyens de prévention et de limitation de la propagation (masque, purificateurs d’air, tests rapides) comme des médicaments pouvant présenter des effets secondaires nocifs importants.
Ce manque chronique d’imagination et d’initiative nous a coûté beaucoup depuis un an.
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Catégories :Covid-19, Gestion de la pandémie
Oui, la Dre Quash semble une femme intelligente et dévouée. Elle souffre peut-être d’une contrainte qui affecte aussi beaucoup de ses collègues et explique le manque de voix dissidentes dans la communauté médicale au Québec. Son employeur est le gouvernement du Québec. Je sens une hésitation à proposer des solutions qui seraient gênantes pour le gouvernement, même lorsqu’il s’agirait clairement de la meilleure pratique. C’est dommage…parce que c’est un mutisme qui au final a été très douloureux pour le Québec, à la fois sur le plan économique ainsi qu’en vies humaines.